GLOBALTEL : un exemple réussi de téléphonie mobile rurale
ou comment réduire la fracture numérique
La téléphonie mobile pour tous, même dans les zones les plus reculées est un enjeu politique majeur. Pourtant, les régulateurs et les ministères concernés peinent partout dans le monde à imposer aux opérateurs de télécommunications mobiles leurs obligations de couverture universelle, ces derniers prétextant sa non viabilité économique.
La société Globaltel, sur l’archipel français de Saint-Pierre et Miquelon, au large du Canada, a pourtant réussi ce défi.
Cet archipel peuplé de 6 000 habitants est couvert par Globaltel à 85% de son territoire et 99,5% de sa population. Globaltel est un opérateur alternatif qui a su choisir les bonnes technologies et tirer profit de son savoir-faire. Il a réussi non seulement à concurrencer l’opérateur historique en fournissant un service de qualité mais aussi à étendre la couverture GSM existante, fournissant son service dans les hameaux les plus reculés, et en zones montagneuses. Il est important de noter que cet opérateur n’a reçu aucune subvention publique de la part ni de l’Etat ni des collectivités locales.

La ville de Saint-Pierre
Comment Globaltel a-t ’il réussi ce pari ?
Les raisons économiques qui bloquent l’accès à la téléphonie mobile pour tous sont bien connues :
- Le coût de construction des pylônes équipés des antennes GSM et des abris qui hébergent les équipements techniques. En France, pour les zones les plus reculées, cet investissement est pris en charge par les collectivités locales, entraînant une hausse de la fiscalité locale
- Les coûts de raccordement au réseau électrique et d’alimentation électrique
- Les coûts de raccordement et de transmission du signal téléphonique entre la zone rurale et le réseau principal de l’opérateur. Cette transmission nécessite traditionnellement des infrastructures de communications filaires ou hertziennes spécifiques et coûteuses
- Les coûts d’investissement dans les équipements de télécommunication
- Les coûts d’installation et de maintenance nécessitant du personnel hautement qualifié, notamment en télécommunication.
A Saint-Pierre et Miquelon, l’opérateur alternatif Globaltel a réduit de manière drastique tous ces coûts. Entre le premier budget calculé sur la base des équipementiers traditionnels et le budget réel final, un rapport de 1 à 30 a été constaté.
L’opérateur Globaltel a tout d’abord choisi une technologie innovante et alternative aux équipementiers télécoms traditionnels, en choisissant la technologie de la société californienne Range Networks plutôt que les technologies traditionnelles de Huawei, Alcatel, Nokia, Siemens… Cette nouvelle technologie a pour caractéristique principale d’utiliser au maximum des équipements informatiques banalisés, abaissant ainsi le coût d’acquisition de ses équipements et de tirer au maximum profit du monde de l’internet.
Ainsi :
- Le coût des pylônes est réduit car au lieu d’installer de hauts pylônes pour couvrir une zone, plusieurs antennes à hauteur raisonnable sont installées puisque les équipements télécoms sont moins onéreux
- Les coûts des abris hébergeant les équipements sont aussi réduits du fait du peu d’espace nécessaire
- Le coût de raccordement au réseau électrique pour les sites éloignés a été réduit à zéro. En effet, ces nouveaux équipements sont peu énergivores à la différence des équipements traditionnels. Ils n’ont pas besoin de climatisation. Ils peuvent donc être alimentés par les énergies solaires et éoliennes sans raccordement au réseau électrique
- Les coûts en énergie sont réduits au maximum car les équipements ne consomment pas plus qu’une simple ampoule
- Les coûts de raccordement et de transmission au réseau téléphonique principal sont devenus modestes, puisque cette technologie basée sur internet, demande un simple accès DSL

Site isolé à Miquelon-Langlade
- Les coûts d’investissement dans les équipements de télécommunication sont réduits car cette technologie utilise des équipements informatiques banalisés (« sur étagère ») plutôt que les équipements propriétaires des fournisseurs de réseau traditionnels
- L’installation et la maintenance de cette infrastructure ne nécessitent plus de compétences pointues et chères en télécommunication mais des compétences techniques en informatiques qui sont bien plus répandues sur le marché du travail.
Le cas d’école de Globaltel démontre que la téléphonie mobile pour tous n’est pas un rêve inaccessible. C’est un objectif réaliste et réalisable grâce aux dernières évolutions technologiques.